A l''issue d''un cycle de travail de la commission extra-municipale chargée de proposer des directives pour réduire les nuisances nocturnes à Bayonne, Jean Grenet, son député-maire, a présenté ce vendredi les grandes lignes d''une Charte de la vie nocturne à destination des cafetiers et des peñas de la capitale labourdine.

Jean Grenet a longuement expliqué que ces mesures, qui entreront en vigueur à partir du 17 juin 2010, étaient nourries par "l''exaspération de certains habitants du centre-ville".mais également par sa volonté d''arriver à "inverser la tendance" d''une sur-alcoolisation dégénérant en incivilités, dégradations et tapages nocturnes.

La principale mesure reposera sur la restriction d''ouverture des bars du lundi au jeudi à 00h30 (contre 2h du matin actuellement), avec une fermeture repoussée à 1h du matin pour ces mêmes jours durant la période estivale, du 1er juin au 30 septembre.

L''hyper-alcoolisation des plus jeunes, du botellon aux rassemblements traditionnels dans certains quartiers connus de la ville, sera réglementé par le biais d''arrêtés les interdisant, par le renforcement de caméras de vidéosurveillance dans certains secteurs-clés de Bayonne, et par le soutien de la police nationale ou municipale pour voir ces dispositions appliquées.

Sortir d''un bar un verre à la main ne sera plus toléré, pas plus que d''acheter de l''alcool à emporter passé 20h (contre 22h actuellement), ou prendre le parti de se garer n''importe où sans respecter les règles de stationnements (des véhicules-fourrières seront mobilisés).

Se défendant de vouloir pointer du doigt une population particulière ou des quartiers spécifiques, le député-maire a longuement exposé sa volonté de vouloir régler aujourd''hui ce qui affecte durablement la tranquilité des citoyens dont il a la charge, a-t-il rappelé..

L''ensemble des dispositions qui s''y rattachent, du niveau sonore de la musique dans les bars à la gestion raisonnable des clients, constituera donc une Charte de la vie nocturne, que les cafetiers et restaurateurs seront invités à partager et à signer, "ceux qui le refuseront se stygmatiseront tout seuls", prévient Jean Grenet.

Le député-maire entend bien suivre l''effet de ces mesures prises à titre expérimental pour une durée de 6 mois, "nous verrons comment rajuster le curseur pour la suite", complète-t-il.

Les professionnels contrevenant à ces principes se verront fragilisés dans l''obtention de comptoirs extérieurs pour les célèbres Fêtes de Bayonne, "même si je comprends que cela représente une partie importante de leurs revenues annuels".

Un volet de sensibilisation et de prévention accompagnera cette réflexion, avec le recrutement de quelques jeunes au sein du service civique, qui seront invités à établir un dialogue dans les rues des bars, "par exemple avec un logo bien distinctif, où l''on pourrait lire : L''alcool? Parlons-en!", suggère-t-il.

Conscient que "les mesures ne feront pas plaisir à tout le monde", Jean Grenet a souhaité présenter cette initiative comme portée par la seule volonté de pacifier la nuit à Bayonne.

"Nous ne pouvons plus accepter n''importe quoi, je veux une ville claire et nette" a-t-il conclu.

Premières oppositions

Pierre Barat, membre du syndicat UMIH (Union Métiers Industries Hôtellerie) désigné par les cafetiers de Bayonne, ne cachait pas sa déception vis à vis des mesures annoncées.

"Pour quelques bars qui ne respectent pas les règles observées par la majorité des professionnels, on affaiblit l''ensemble des cafetiers par des mesures qui nous affectent tous", a-t-il réagi.

Pour lui, "on ne règle pas le problème en tuant la profession, en fragilisant leur chiffre d''affaires des bars", rajoutant que "cela fait 10 ans que nous demandons à la Mairie de régler le problème du bottellon avec des dispositions existantes, mais qui n''ont jamais été appliquées!".

Quant à la jeunesse, principale population affectée par l''hyper-alcoolisation, Pierre Barat estime que les dispositions coercitives ne sont pas adaptées, "il est plus facile de la montrer du doigt que de lui proposer quelque chose, comme une salle pour la jeunesse, par exemple".

Sans brandir la menace d''une opposition frontale avec la mairie, Pierre Barat conclut: "Pas la peine d''imaginer avec ça que les jeunes se mettront en pyjama à 22h30 pour terminer la soirée avec papa et maman devant la télé".

L''opposition socialiste, qui a fait part par communiqué de presse hier de sa colère d''avoir été écartée de la réunion finale de synthèse, évoque un propos du député-maire qui illustrerait parfaitement leur ressenti.

"Lors d''une réunion, Jean Grenet nous a expliqué que, dans sa vie professionnelle antérieure, il était chirurgien, et pas homéopathe", réagit Jean-Claude Soudre pour Bayonne Ensemble.